Retour sur le dialogue citoyen transfrontalier du 12 novembre à Sarrebruck!

L’EUROPE EN GRAND(E) REGION !

C’est le titre du dialogue citoyen transfrontalier organisé par les Centres d’information Europe Direct de Sarrebruck, Nancy, Esch-sur-Alzette et Colombey-les-belles. L’objectif? Offrir à des jeunes qui vivent dans “l’Europe en modèle réduit”, une opportunité d’échanger leurs points de vue sur l’implication de l’Europe dans leur quotidien avec des représentants locaux et européens.

Ils étaient une centaine de lycéens et étudiants à s’être retrouvés au Saarrondo, à Sarrebruck en Allemagne, le 12 novembre. Venus du Lycée de la Salle à Metz, du Lycée Louis Majorelle à Toul, de l’IUT Charlemagne de Nancy, ou encore de l’Université Franco-Allemande de Sarrebruck, les jeunes français et allemands ont eu l’occasion de participer à des ateliers organisés par les Centres d’information Europe Direct en amont du dialogue citoyen, parce qu’un sujet comme l’Europe ça ne s’improvise pas!

Qu’est-ce que la Grande Région et pourquoi avoir choisi ce thème pour le dialogue citoyen?

La Grande Région est un espace de coopération au cœur de l’Europe. Elle réunit 11,5 millions d’habitants de Lorraine, de Sarre, de Rhénanie Palatinat, mais aussi du Luxembourg, de Wallonie et des Communautés germanophone et française de Belgique.

Ces jeunes n’ont pas forcément conscience de l’impact de l’UE dans leur vie quotidienne. Pourtant ces jeunes habitants de la Grande Région profitent des avantages offerts par l’UE chaque jour : la liberté de circulation, la monnaie unique…

Mais que fait-elle d’autre l’Union européenne ici?

Pour tenter de répondre à ces nombreuses questions, quatre représentants locaux et européens sont venus échanger avec ces jeunes.

« L’Europe : une affaire de cœur », c’est par ces mots, empruntés à Jean Claude Juncker que Yuriko Baches, Cheffe de la Représentation de la Commission européenne au Luxembourg, a introduit le dialogue.

Et ça “a matché”. Les jeunes et citoyens présents l’ont confirmé quand une grande majorité d’entre eux ont indiqué « se sentir citoyen européen » – en plus d’être citoyen de leur ville, leur région ou de leur pays. Un regain d’intérêt -et d’affectation – pour l’UE qui a été démontré lors des élections européennes, avec une participation en hausse chez les jeunes, comme le rappelle Mme Baches.

Alors, oui certes cette Europe n’est pas parfaite, comme l’indique Edouard Jacque, conseiller régional qui siège à la délégation des travailleurs transfrontaliers, mais c’est déjà un bon départ si on est enthousiaste et qu’on veut “rêver l’Europe”.

Un regain d’affection qui trouve aussi ses sources dans le changement des rapports de force au niveau mondial. Pour Tobias Winkler, chef du bureau du Parlement européen à Munich, “beaucoup de menaces émanent de l’extérieur de l’UE. L’UE peut y répondre seulement si elle est unie. […]. L’UE peut aussi se défaire (Brexit). Pour certains, ce sont les avantages économiques offerts par l’UE qui les ont poussés à aller voter, pour d’autres c’est la lutte contre le changement climatique, chacun a ses raisons d’aller voter. Ce qui est important c’est de convaincre les jeunes d’aller voter plutôt que de marteler que l’Europe est une bonne chose”.

Mais justement, bien que l’Europe soit omniprésente dans notre quotidien, le sentiment qui domine c’est qu’elle est absente… enchaîne la modératrice, Carolin Dylla.

Jochen Pottgen, Chef de la Représentation régionale de la Commission européenne à Bonn, assure que “cela dépend des thèmes”. Pour lui, “Il faut informer les citoyens, créer des conditions techniques pour qu’ils participent aux dialogues citoyens, avec par exemple l’utilisation d’outils numériques. L’UE, c’est une répétition quotidienne! Il faut communiquer et informer les gens des évènements qui s’organisent dans les territoires!” Pour intéresser les gens à l’Europe, il faut “répéter les opportunités offertes par l’UE pour s’engager et dialoguer”.

Les régions transfrontalières, un thème à part quand on parle d’Europe? questionne Carolin Dylla.

Pour Jochen Pottgen c’est un “Oui!” ! “Ces régions transfrontalières qui étaient marginalisées auparavant sont désormais au centre de l’UE. On est aussi plus émotionnels sur la question européenne dans ces régions transfrontalières”.

Interrogé sur son travail quotidien au sein de la délégation des travailleurs frontaliers, Edouard Jacque déclare qu’il s’agit “de lever les irritants”, de dégager des solutions. “Souvent ce sont des petites choses qui irritent comme par exemple comment organiser ses trajets”. Il ajoute: “Il s’agit aussi d’accompagner la révolution digitale actuelle et faire en sorte que les zones éloignées puissent avoir accès au haut débit”. Enfin, insiste-il “les régions doivent coopérer davantage, on doit créer de nouveaux jumelages, relier les cultures. C’est difficile mais il faut surmonter les obstacles […]. Quand nous travaillons sur un texte à présenter aux gouvernements respectifs et que nous arrivons à le faire adopter, on a le sentiment d’avoir réussi à faire avancer l’Europe”.

Carolin Dylla s’adresse alors à Julia Korbik, journaliste bénévole au Café babel, journal multi-lingue créé en 2000 par des étudiants Erasmus qui traite des questions européennes. Vous habitez  à Berlin, est-ce que l’Europe est une évidence là-bas?

Certes à Berlin, il y a un véritable meelting pot culturel, et une véritable identification à l’Europe (on traverse les frontières régulièrement avec la Pologne toute proche) concède Julia Korbik. “Mais même dans une ville ouverte et multiculturelle comme Berlin, l’Afd (parti d’extrême-droite allemand) est présent. Il faut toujours promouvoir l’UE”.

Pour Julia Korbik, “le journalisme peut montrer plusieurs perspectives (difficile avec les langues par ex), il faut changer de perspectives. Ce n’est pas toujours simple. Il y a une grande zone crise entre ceux qui sont pro-européens et anti-européens. Il faut réussir à motiver les pro-européens qui ne vont pas voter et puis se battre pour quelque chose, par exemple : l’égalité des droits (en tant que femme). Il est plus difficile de « se battre » sur des sujets de la vie quotidienne (qualité eau par ex).

Le dialogue a ensuite été ouvert aux participants. Parmi les thèmes qui ont suscité leur intérêt : les valeurs de l’UE, l’élargissement, l’écologie, la communication ou encore la lutte contre le populisme ou encore le Brexit. D’ailleurs sur ce dernier point, Jochen Pottgen a rappelé qu’il fallait “accepter le résultat du référendum même si on a le droit de douter de son bénéfice. Il faut démontrer qu’il est préférable d’être dans l’UE” 

Partageant le même point de vue, Julia Korbik a rappelé que “ce qui disent non au retrait de l’UE sans accord au sein de la Chambre des communes (parlement britannique) sont ceux qui étaient contre l’UE… Il faut faire de la “publicité active”. L’UE est une évidence mais il s’agit de le démontrer”.

Est-il question de créer un organe écologique européen ? Que fait l’UE pour l’écologie ? les interpelle un jeune participant.

Il existe de nombreux projets autour de l’écologie en Grande Région : la trame verte et bleue, un travail commun autour des questions de la qualité de l’air, des échanges de bonnes pratiques mais « il faut encore accroître les coopérations », comme souligne Edouard Jacque.

La protection de l’environnement et l’écologie sont des priorités au sein de la nouvelle présidence élue (collège commissaires). L’accent est notamment mis sur la durabilité comme le rappelle Jochen Pottgen : « 25% du budget européen est investi dans des mesures environnementales ».

A la question de savoir comment lutter contre le populisme, les avis, là-aussi convergent. Pour Julia Korbik il est avant tout question de “parler des acquis de l’UE”, de ce que l’UE a réussi. Tandis que pour Tobias Winkler, “il y a des défis que l’on peut résoudre. L’UE doit s’y attaquer.” Enfin, pour Jochen Pottgen, “il faut avoir du courage, s’y opposer tout le temps [au populisme], il faut contredire”.

Tous s’accordent également à dire que pour construire l’Europe, il faut construire une citoyenneté européenne. Or pour cela, il faut que les jeunes puissent découvrir l’Europe. Parmi les propositions phares « tripler le budget du programme Erasmus+ » (le programme de l’Union européenne pour l’éducation, la jeunesse et le sport) pour permettre à davantage de jeunes de vivre l’Europe et notamment « les jeunes les plus éloignés (en zones rurales, en formation professionnelle ou encore les jeunes demandeurs d’emplois) », a semblé faire l’unanimité.


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