Après les élections législatives au Royaume-Uni, que va-t-il se passer?

Les élections législatives anticipées qui se sont déroulées le 12 décembre 2019 au Royaume-Uni ont vu le parti conservateur de Boris Johnson remporté une très nette majorité (364 sièges sur 650).

Le Brexit va donc avoir lieu ?

Oui, contre toute attente (et une certaine surprise), le Royaume-Uni devrait quitter l’Union européenne au 31 janvier 2020. L’accord du Brexit qui avait été renégocié par Boris Johnson et les 27 chefs d’état et de gouvernement va donc être ratifié dans cette intervalle. Une fois que le Parlement européen aura lui-même ratifié le texte, la rupture au moins juridique sera consommée.

Comment expliquer ce résultat ?

Comme le rapporte Philippe Bernard, l’ancien correspondant du  Monde à Londres journaliste : « la victoire des conservateurs est politiquement massive, même si elle apparaît minime en pourcentage (+ 1,2 % des voix par rapport aux élections de 2017). Les conservateurs ont gagné en se transformant en « parti du Brexit » et en ralliant non seulement leurs électeurs traditionnels mais une partie de l’électorat travailliste des circonscriptions populaires du nord de l’Angleterre acquis au Labour depuis des décennies. Les conservateurs vont disposer de la plus forte majorité depuis Margaret Thatcher en 1987. » Le Labour de Jeremy Corbyn, lui, essuie sa pire défaite depuis les élections de1935.

Mais ce résultat est assez paradoxal ?

Oui, « le paradoxe c’est que le total des voix pro-Brexit (Parti conservateur et Brexit Party), qui est de 47 %, est inférieur au total des voix (53 %) qui se sont portées sur l’ensemble des formations favorables à un second référendum sur le Brexit (Labour, LibDem, SNP, Greens) » .

Est-ce que si la question du Brexit avait été traitée différemment, on aurait eu les mêmes résultats?

Oui, par exemple, si la question du Brexit avait été tranchée par un nouveau référendum plutôt que par des élections législatives, le résultat aurait été différent. Le camp proeuropéen est victime de sa division.

Est-ce que ce vote est un vote de lassitude ?

Oui, la lassitude est extrême côté britannique et Boris Johnson a su en tirer parti en martelant sa promesse, « Get Brexit done ».

Qu’en est-il des citoyens européens qui résident au Royaume-Uni ?

L’un des trois volets de l’accord de Brexit qui va être prochainement ratifié par le parlement de Westminster est consacré au sort des Britanniques résidant sur le continent, aux Européens établis au Royaume-Uni et aux échanges. Les droits des uns et des autres devraient être préservés.

Les près de 4 millions d’Européens qui vivent au Royaume-Uni vont changer de statut. Ils avaient jusqu’à présent le droit automatique d’y résider et d’y travailler doivent s’enregistrer pour « régulariser » leur situation et acquérir « statut d’installé », sorte de droit de résidence conçu spécialement pour les Européens qui vivent outre-Manche. L’accord signé entre Londres et Bruxelles prévoit que l’enregistrement se fasse d’ici à la fin de la période de transition, le 31 décembre 2020.

Aura-t-on besoin d’un visa pour aller en Grande-Bretagne ?

A priori, un visa ne sera pas nécessaire pour se rendre au Royaume-Uni.

Quels sont les autres impacts de ce résultat au Royaume-Uni ?

Les écossais qui sont majoritairement hostiles au Brexit (48 des 59 sièges de députés écossais ont été remportés par le Parti national écossais SNP, indépendantiste) vont peut-être pousser la première ministre écossaise à organiser un nouveau référendum sur l’indépendance de l’écosse. Pour cela, elle a toutefois besoin de l’accord de Boris Johnson, qui a rejeté cette idée jusqu’à présent.

Sur l’île irlandaise, la question de l’appartenance à l’EU commence à prendre le pas sur les allégeances communautaires (républicaine ou unioniste) en Irlande du Nord… L’avancée du Sinn Fein, seul parti politique à exister à la fois dans la République d’Irlande et en Irlande du Nord (rattachée au Royaume-Uni), est une victoire pour les partisans de la réunification de l’île.

Que va donc-t-il se passer maintenant ?

Boris Johnson va devoir conclure un accord commercial d’ici au 31 décembre 2020 (avec report possible d’un ou deux ans).


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