COVID19: Les mesures prises par l’UE et la coopération transfrontalière en temps de crise

Que fait l’UE pour endiguer cette pandémie ?

Déjà, rappelons-le la santé est un domaine qui relève de la compétence des Etats membres, c’est-à-dire que chaque Etat établit ses propres normes en matière sanitaire, de protection sociale ou encore de vaccination. La santé, c’est donc une compétence d’appui, l’UE vient donc compléter l’action des Etats. Et comme le virus ne connaît pas de frontière, l’UE ne peut que coopérer !

Que fait aujourd’hui l’UE ?

L’UE a pris de nombreuses pour endiguer l’épidémie de COVID19, nous vous en parlions ici. Parmi les mesures phrases, la Commission européenne a mobilisé 140 millions d’euros pour soutenir la recherche et trouver le plus rapidement possible un vaccin au virus. L’UE a créé une première réserve commune européenne de matériel médical pour aider les pays qui font face à des pénuries. Elle a aussi créé des couloirs prioritaires pour les marchandises aux frontières intérieures pour assurer l’approvisionnement de biens et des composants des magasins et des usines.

Y-a-t-il d’autres mesures phares ?

Elle a aussi réaffecté 37 milliards d’euros de fonds européens qui sont destinées aux régions et aux collectivités pour qu’elles répondent à la crise et apportent de la liquidité aux petites entreprises et au secteur des soins de santé. Ils vont servir à soutenir les systèmes de santé, se procurer du matériel médical ou garantir l’accès aux soins de santé aux groupes vulnérables. Enfin, la Commission européenne a aussi assoupli les règles en matière d’aides d’Etat pour soutenir les entreprises et les travailleurs et suspendu le fameux « Pacte de stabilité ».

Il y beaucoup de fausses informations qui ont circulé. On a entendu notamment que la Chine avait fourni un soutien plus conséquent à l’Italie que l’Allemagne ou la France. Est-ce que c’est vrai ?

Eh bien, non ! Cette information a nettement moins circulé mais la France a donné à l’Italie 1 million de masques et l’Allemagne 7 tonnes de masques et autres équipements de protection, elle a aussi livré 300 respirateurs à l’Italie. Et la France et l’Allemagne ne sont pas les seuls à aider l’Italie, l’Autriche lui a envoyée 1,5 million de masques.

Et ce n’est pas le seul matériel qui a été envoyé ?

Non, l’Allemagne a également donné des équipements de protection individuelle à la Suisse, à l’Autriche (8 millions de gants), à la Roumanie (100 000 masques) et à la Suède (60 000 masques). La Tchéquie quant à elle a offert 10 000 tenues de protection à l’Italie et encore 10 000 à l’Espagne. Et tout ça contribue très concrètement à sauver des vies !

A l’échelle de la Région Grand Est et de ses territoires transfrontaliers, peut-on dire que la solidarité existe ?

Oui et elle est même démontrée en actes concrets. Dans une interview accordée à l’Office Franco-Allemand de la Jeunesse, le Président de la Région Grand Est, Jean Rottner a déclaré : « nous vivons le transfrontalier dans ses actes quotidiens, parfois dans ses blocages, ses limites, mais également dans ses forces incommensurables que la crise du Covid-19 a su révéler une nouvelle fois ».

Comment se traduit cette coopération transfrontalière ?

Une quarantaine de patients (alsaciens) ont été pris en charge par les autorités allemandes mais aussi par le Luxembourg et la Suisse. Comme le rapporte le site lesfrontaliers.lu, « dans le cadre des accords-cadres sanitaires transfrontaliers et en complément des conventions de coopération déjà existantes avec l’Allemagne, la Suisse et le Luxembourg, et avec l’appui des autorités des pays concernés, ce sont près de 100 patients du Grand Est qui sont accueillis par ces pays frontaliers. » (Ces chiffres datent du 29 mars). Ils sont soignés à Essen, Hambourg, Bade-Wurtemberg en Allemagne, à Bâle en Suisse et également au Luxembourg.

Quelles sont les perspectives ?

Pour le président de la région Grand Est, Jean Rottner : « la coopération franco-allemande a été une nouvelle fois mise à l’épreuve dans cette crise sanitaire sans précédent. Cela nous permet de mesurer les limites de notre coopération, limites qu’il nous faut aujourd’hui dépasser pour parvenir à une coopération encore plus étroite et encore plus forte, ensemble. C’est dans ce cadre que je souhaite proposer dans les prochaines semaines à mes partenaires allemands de réfléchir ensemble à un système sanitaire et médical commun permettant ainsi d’autonomiser la production médicale à l’échelle européenne et ainsi préserver notre souveraineté européenne dans ce domaine ».

Quelles sont les dernières mesures prises par l’UE?

Les ministres de l’économie et des finances des Etats membres de la zone euro (l’Eurogroupe) ont trouvé un accord, jeudi 9 avril (après tout de même plus de 16h de négociations) pour apporter une réponse commune à la crise du COVID19.

Comment va se traduire cette réponse commune ?

Elle va être avant tout économique, il s’agit de préserver les emplois des Européens et donc d’aider à la fois les citoyens européens et les entreprises européennes à faire face à cette crise. Concrètement, ce sont 540 milliards d’euros qui ont été mis sur la table. Un budget qui devrait être complété par un fonds de relance (« Plan Marshall »).

Comment ce budget va-t-il être réparti ?

240 milliards d’euros seront consentis en fonds de secours de la zone euro (aussi appelé le Mécanisme européen de stabilité) et donc destiné aux Etats. Il y aura également 200 milliards d’euros qui serviront de fonds de garantie à destination des entreprises. Et enfin, 100 milliards d’euros pour soutenir le chômage partiel.

Qu’est ce que le Mécanisme européen de stabilité ?

Il a été créé en 2012 pour lutter contre la crise et est financé par les Etats membres. Il pourrait prêter aux États jusqu’à 2 % de leur PIB, soit jusqu’à 240 milliards d’euros pour l’ensemble de la zone euro. Il est d’ordinaire conditionné à la mise en place de réformes économiques.

A combien se chiffrent l’ensemble des mesures prises par l’UE durant cette crise ?

Cela porte à 3 200 milliards d’euros, les mesures prises par l’UE pour lutter contre la pandémie et ses effets néfastes. On peut le dire, ce plan est le plus vaste au monde et c’est historique ! Le Ministre de l’Economie allemand, Olaf Scholz, a d’ailleurs salué « un grand jour pour la solidarité européenne ».

Quelle est la prochaine étape ?

Ce plan va devoir être approuvé par les 27 chefs d’Etats et de gouvernement.

Où en est-on sur la question des coronabonds ?

Les dirigeants de neuf pays européens faisant partis de la zone euro (France, Italie, Espagne, Portugal, Irlande, Grèce, Belgique, Luxembourg, Slovénie) avaient appelé mercredi 25 mars à la mise en place de « coronabonds ». Une solution qui a été rejetée depuis à plusieurs reprises notamment par l’Allemagne et les Pays-Bas.

Quel serait le principe de ces coronabonds ?

Chaque année, pour financer leur déficit, les États émettent des obligations, qui sont en fait des promesses de remboursement avec plus ou moins d’intérêt. Ces titres sont mis sur les marchés et peuvent être acquis par des investisseurs publics ou privés. Les obligations générées par les États dépendent de la situation financière de ces pays (et notamment du montant de leur dette publique). En fonction de cela, les agences de notations évaluent les risques de non-remboursement par les États, ce qui fait fluctuer les taux d’intérêt.

Très concrètement, qu’est-ce que ça signifie ?

Eh bien, les pays du Sud « dépensiers » ont souvent des notes moins bonnes, obtiennent des taux d’intérêt plus élevés comparés aux Pays du Nord plus « frugaux ». L’idée avec les « corona bonds » serait donc de mutualiser ces dettes pour réduire les taux d’intérêts des pays les plus endettés mais cette solution, qui serait destinée à soutenir l’économie à plus long terme n’a, elle, pas été tranchée.

Pourrait-il y avoir un accord entre plusieurs pays européens ?

C’est en tout cas ce qui pourrait se profiler. D’après le témoignage d’une source élyséenne à l’agence Reuter : « la France n’écarte pas l’idée d’émettre de la dette avec d’autres pays européens et pourrait mettre en place une coalition de pays motivés en cas de veto allemand ».

Y-a-t-il d’autres façons dont l’UE se montre solidaire ?

Oui ! Figurez-vous que les bâtiments du Parlement européen à Strasbourg vont accueillir un centre de dépistage et un centre de consultations COVID-19. Le Président du Parlement européen, l’Italien David Sassoli a également indiqué que les cuisines de l’institution allaient produire 1000 repas par jour pour les travailleurs de santé et les personnes dans le besoin comme les sans-abris.

On le voit la solidarité existe en Europe. Mais est-ce que l’Union européenne vient en aide à d’autres pays ?

Oui, il s’agit aussi pour l’UE d’aider les pays moins développés. Le 8 avril, le chef des Affaires Etrangères de l’UE, l’espagnol Josep Borrell a annoncé 15,6 milliards d’euros qui iraient à des pays tiers (provenant de fonds existants). Le programme combinera un appui budgétaire direct, des prêts et des garanties débloqués par la Banque européenne d’investissement et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement.

Comment cette enveloppe sera-t-elle répartie ?

Comme le rapporte euractiv.fr : « quelque 502 millions d’euros seront alloués à l’aide d’urgence à court terme ; 2,8 milliards d’euros serviront à soutenir la recherche, les systèmes de santé et les réseaux d’eau dans les pays partenaires de l’UE ; et les 12,28 milliards d’euros restants seront destinés à atténuer les conséquences socioéconomiques de la pandémie. »

A quels pays vont-ils aller en priorité ?

Un peu plus d’un tiers de ces fonds iront à l’Afrique et environ 3,07 milliards d’euros iront aux pays tiers de l’est de l’Europe. Le chef de la diplomatie européenne a souligné qu’« aucun pays ne sera laissé de côté par l’Union européenne ».

Pour en savoir plus:

Consultez les pages dédiées sur les sites de la Commission européenne et du Parlement européen

Fiche décodeurs « Coronavirus : l’Europe ne fait rien. Vraiment ? »

Page consacrée à la solidarité européenne à l’oeuvre

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